Du 6 au 10 juin 2014
L’année dernière, à la même période, j’avais commencé à
envisager de passer l’initiateur canyon. Laetitia avait accepté de me servir de
cobaye. Nous étions parti en Sierra, motivé comme jamais. On ne se connaissait
pas, je n’avais jamais amené quelqu’un en canyon, c’était la première fois que
j’allais seul en Sierra, première fois que Laetitia faisait du canyoning, première
fois qu’on dormait dans la voiture en mode camion…
Autant dire qu’il n’y avait rien pour que ça se passe
bien !! On s’était perdu en route, on avait mis 3 fois plus de temps pour
arriver à Alquezar alors qu’on devait arriver à Rodellar. On n’était pas du
tout organisé dans la voiture, du coup c’était un bordel monstre, et pas du
tout de confort, d’où des nuits difficiles et assez courtes. On avait pris 3
jours de pluie comme rarement vu en Sierra et on n’avait fait que le Barrazil, en
se perdant, bien entendu. On n’avait pas touché une corde du week-end… sauf les cordes du Mur d’escalade à Oloron le
dimanche, notre plan B, après un départ précipité de Sierra sous un déluge.
A se demander comment Laetitia a accepté de me suivre à
nouveau sur un même plan en Sierra cette année…
Mais cette année, il y a beaucoup de changement !!!
L’organisation du mode « camion » dans la voiture a été optimisé, on
a un GPS, une topo canyon et via ferrata de la sierra, la météo est au très
beau fixe, j’ai appris à équiper en canyoning et je commence à connaître un peu
mieux la Sierra. Autant dire que ça s’annonce sous de meilleurs jours !!
Bon, y’a quand même un gros point négatif, il a énormément
plu les semaines précédentes et les niveaux d’eaux sont très hauts… La Péonera
est impraticable… Le programme n’est pas défini et on avisera sur place.
Le vendredi soir, c’est parti pour le trajet vers Rodellar.
Bizarrement, là où il nous avait fallu 8h et une nuit l’année dernière, en
moins de 4 heures, on est arrivé au départ des Obscuros de Balcès, notre
planque pour la nuit.
Au petit matin, on se rend compte qu’on aurait pu
difficilement rêver meilleur emplacement !!
On est plat, au calme,
personne pour nous faire chier et surtout, une vue magnifique… Tant pis, même
si les marches d’approche et de retour seront plus longue, on décide de garder
cette place et de ne pas bouger.
Samedi 7 juin : Les Oscuros de Balces et Via ferrata
« Espolon de la virgen »
J’avais fait les Oscuros il y a plusieurs années, dans ma
phase « je suis sans comprendre où on va ni comment c’est équipé… ».
Le parking est plein et on croise pas mal de monde… La quasi-totalité des
voitures sont immatriculées 64…
Dans le canyon, juste avant le grand chaos, un guide
français nous confirme qu’il y a pas mal d’eau et nous donne deux ou trois
petits conseils pour la suite du canyon et du week-end.
On zappera le premier rappel, pile à travers la cascade. Le
chaos est à négocier avec prudence, il y a des endroits où il ne fait pas trop
bon essayer de passer. Dans la partie Oscuros, il n’y a qu’à se laisser porter
par le courant en flotting.
Au dernier rappel, on rejoint un pro espagnol avec ses
clients… On ne fera pas de commentaires sur la main courante à moitié tonchée
et l’équipement sur mono point…
On arrive rapidement à la sortie des Oscuros. C’est la
piscine, ça saute dans tous les coins dans des vasques bleues vertes…
Malheureusement, on sait aussi ce que ça veut dire… On
enlève les combis, on quitte la fraîcheur de l’eau et c’est parti pour une
heure de rando dans la fournaise…
Un peu avant 15 heures, on est à la voiture et on se dit
qu’on aurait bien le temps de faire autre chose. Après quelques hésitations, on
décide de partir sur la via ferrata Espolon de la virgen
Il doit faire plus de 30°, une horreur. Cela fait du bien
d’arriver rapidement sur les berges du rio Mascun pour avoir un peu de
fraîcheur. Au passage, on demande quelques renseignements sur le Mascun qu’on
aimerait faire le lendemain...
Arrivé à la via ferrata, nous sommes complètement
desséché !! Il fait une chaleur affreuse. Et là, grosse surprise sur la
via ferrata… Ils ne l’ont pas entretenu depuis des années on dirait !!!
Sur la première partie, les câbles sont un peu rouillés… Génial… De toute
façon, vu ce que ça change, on sait très bien qu’il ne vaut mieux pas tomber
sur une via ferrata.
Outre les câbles un peu vieux, l’équipement est bizarre. Le
câble passe parfois de droite à gauche, il est parfois loin des barreaux et on
est même obligé de faire un pied-main à un moment sur la via… Bien dommage tout
ça car, par ailleurs, elle est magnifique, dans un cadre magnifique. Vue sur le
Mascun supérieur, vue sur le Dauphin, vue sur le Mascun Inférieur… La via monte
directement sur l’arrête, avec jolis à pic… Ambiance garantie !!
A cause de la chaleur, Laetitia accuse le coup… C’est vrai
qu’on est parti un peu à l’arrache, on a juste de l’eau et pas un seul truc
avec du sucre à grignoter…
Arrivé en haut, nous retombons dans nos travers… Avec
Laetitia, il faut toujours qu’on se paume… Malgré la topo, on ne trouve pas le
chemin qui permet de rentrer à Rodellar… Bon, OK, il est pourtant évident mais
bon, un week-end avec Laetitia sans se paumer, ça perd tout son charme !!!
Arrivé à la voiture, devant l’état de fatigue des troupes,
on renonce au Mascun le lendemain. On part donc vers le Formiga pour trouver un
coin où dormir.
Sur le parking de la Peonera, on se dit qu’on sera bien
planqué… On décide de tester la douche solaire. Bien sûr, on ne voit personne
pendant une ou deux heures et, au moment où Laetitia se décide à se mettre en
maillot pour se doucher, on a droit au Pickup des bergers, bien mort de rire
devant une Laetitia qui tirait un peu la gueule
Ils repasseront devant nous avec un troupeau de moutons à
faire pâlir tous les bergers de Soule… Le troupeau défile pendant plusieurs
minutes, à tel point qu’on se demande si les bergers ne font pas tourner leur
troupeau en rond juste pour nous impressionner.
Dimanche 8 juin : Canyon Formiga et Gorgonchon
Le dimanche matin, nous partons sur le Formiga, histoire de
se faire un canyon facile et d’évaluer le niveau d’eau, avant de partir sur le
Gorgonchon.
Quand on arrive au parking du Formiga, vers 9h30, on se dit
qu’on aurait mieux fait de se lever plus tôt ou de choisir un autre canyon… Le
parking est plein et des groupes s’apprêtent à partir. On s’active et on arrive
à passer devant les plus gros troupeaux…
Dans la montée, au niveau de la main courante, on rejoint un
groupe de français (sûrement des 64) avec un guide espagnol. Mais un autre
groupe de 64 nous colle au cul… Bizarre, ils font le canyon sans baudar… On
voit vraiment de tout en sierra… Au final, c’est un peu la course au niveau du
premier rappel mais on arrive à doubler tout le monde…
Du coup, on grille la
priorité à tout le monde et on se retrouve seul dans le canyon. Personne à nous coller au train, personne devant pour
savourer en silence ce petit canyon sympa.
Au niveau du dernier rappel de 7m,
Laetitia est motivée pour sauter. Je saute le premier pour lui montrer où
sauter. Elle ma lance le kit de corde, confiante… Bon, maintenant, plus le
choix, faut sauter… Après quelques faux départs, enfin son premier gros saut…
On essaye désespérément de remonter dans la grotte mais trop de courant… Tant
pis.
A la sortie du canyon, au moment de manger, je me moque une
fois de plus du bidon de Laetitia qui a la facheuse tendance à hydrater nos
repas du midi… J’aurais mieux fait de me taire…
Le niveau d’eau semble quand même bien plus bas qu’en mai
dernier. Après confirmation auprès de quelques guides espagnols, on décide de
partir après manger sur le Gorgonchon… D’après la topo, il est quand même plus
costaud et plus engagé… Il faut bien faire gaffe à plusieurs pièges dedans…
A l’entrée du canyon, on tombe sur un guide avec 4 clients
et un couple de Catalans. Au moins, on a la confirmation qu’il est faisable…
On met un peu trop de temps à s’équiper et, malheureusement,
on ne voit pas par où entre dans le canyon le guide. J’essaye par la cascade
mais c’est glissant et y’a du jus. En sautant, impossible de voir le fond…
A force de tergiverser, le couple de catalan nous rejoint.
Lui n’a aucune hésitation et part direct dans le bouillon, par la cascade… A
voir comment Fran disparait sous les remous, je me dis qu’on ne passera pas par
là… Il nous confirme que ça saute sans soucis… Sa copine, Laya, après plusieurs
hésitations dans le bouillon, préfère renoncer. On va tous entrer en sautant.
Je passe le premier et Laya me suis avec hésitation. Une
marmite en bas ne donne pas trop envie de sauter trop loin… Par contre, Laetita
fait un blocage… Ces pieds glissent vraiment trop et impossible de prendre un
appui correct. Après plusieurs tentatives, elle entrera dans la vasque suivante
avec un mouvement dont seule elle a le secret : le toboggan glissé tombé.
Maintenant, on est tous au fond, on n’a plus le choix. On décide de ne faire
qu’un groupe de 4 avec les catalans.
Le premier rappel se passe sans souci. C’est au deuxième que
les choses se compliquent. Il faut à tout prix éviter de passer dans la cascade
où une grotte cachée sous l’eau avale les canyoneurs… Guère rassurant… Il faut
donc emprunter une main courante sur prise inexistante, avec parois patinées,
en oppo, entre deux parois espacées de 50 cm…
Laya panique un peu, rassurée par son copain alors que je
lui prends son kit pour l’aider. Derrière, Laetitia fait du patinage artistique
sur parois lisses, un pied en l’air, bien longée dans la main courante…
Mais Laya met vraiment du temps à passer et derrière, on
sent la fatigue arriver et surtout, les pieds s’affaisser de plus en plus…
Une
fois passée, les deux s’apprêtent à continuer, en nous laissant le soin de
porter les 4 kits et de rappeler la corde, dans un 50 cm de large et une
rivière d’écume blanche… Une tyrolienne de kit plus tard, nous n’aurons que 2
kits à traîner…
La suite est un peu moins stressante, avec des concrétions
dans le canyon, un petit passage en grotte, un petit siphon… Au final, le
canyon est court mais heureusement car il est physique !!!
A la sortie, une bonne surprise m’attend… J’ai mal fermé mon
bidon et il est rempli à ras bord d’eau… Portable, lampe de secours et
pharmacie toute neuve noyés… Ca m’apprendra à me moquer du bidon de Laetitia…
Mais du coup, mon portable étant mort, et Laetitia n’ayant
pas le numéro de Fred, impossible de lui dire qu’on est sorti… Après plusieurs
appels et plusieurs intermédiaires, dans une zone où ça captait de manière
intermittente, on arrive enfin à chopper le numéro de Fred… Note pour
l’avenir : toujours noter ailleurs le numéro de la personne à
prévenir !!
Une bonne bière pour se remettre de nos émotions et on
retourne sur Rodellar. Demain, ça ne sera qu’un seul canyon dans la journée,
sec et connu… Surtout que l’orage gronde au loin… Un week-end avec Laetitia
sans pluie, ça n’est pas possible… Au final si, la pluie nous évitera !!
Lundi 9 juin : Barranco Fondo
Pour changer un peu, on décide de se faire un canyon sec,
mais avec pas mal de rappels, et si possible avec des verticales de plus de
25m. Même si je l’ai déjà fait en mai, je décide de repartir sur el barranco
Fondo. Ca permettra de faire des mannips de cordes et d’apprendre à Laetitia à
équiper.
La dev largable, ce n’est pas encore ça, il va falloir
réviser un peu. Dans la partie végétale, les vasques sont en train de croupir
malheureusement… On se fait attaquer par les moucherons…
A force de tenter le
diable dans des oppos pour ne pas se mouiller, on se dit qu’on va finir par
faire une connerie. On met les bas de néop et on enchaîne dans l’eau… Vu la
température, ce n’est pas plus mal…
La dernière partie est vraiment superbe. Un vrai méandre de
spéléo à ciel ouvert. Laetitia semble avoir bien pigé comment équiper et
comment débrayer.
Une fois dans le Balcez, on profite des vasques turquoise et
de la température idéale de l’eau en ce jour de grosse chaleur. Ce jour, gros
plaisir !! On n’a croisé personne dans le canyon. Un calme qui fait du bien.
A la sortie des Oscuros de Balcez, on retrouve la
civilisation… Plusieurs groupes sortent toutes les dix minutes… Cela nous
permet de voir encore un truc bizarre en canyon… Pas de casque pour certains…
On voit vraiment de tout en Sierra.
Après une bonne sieste au bord de l’eau, on décide de
remonter en début d’après midi… Une heure de marche de retour sous une
fournaise…
De retour à la voiture, on retourne sur Rodellar se payer
une glace et une bière… Ah ben, la glace, ça semble offert par le bar… Ca vaut
le coup de ne rien comprendre en espagnol !!!
Alexis nous rejoint pour une petite bière. Il arrive de la
Peonera Sup où, semble t-il, ça pousse pas mal !!! Vu la tournée des bars
que commencent ses clients, ils n’ont pas du aller au Mascun le mardi !!
Mardi 10 juin : Palomera de Fornocal
Aujourd’hui, dernier jour de vacances… On va aller se faire
un dernier canyon avant de rentrer. Sur la route, on va faire les vrais
touristes de bases… A chaque joli pont, à chaque joli Olivier, on s’arrête pour
flasher dans tous les sens…
Quand Laetitia se fait klaxonner, elle pense que c’est pour
son charme naturel et pour son short un peu court… Alors qu’il ne s’agit juste
qu d’Alexis mort de rire devant ces deux touristes japonais !!!
De retour dans la Palomera, ça me change !! J’avais aidé
à encadrer 6 gamins de 5 ans à 7 ans, pour l’initiateur. Ca fait plaisir de
pouvoir faire ce canyon au calme, sans devoir surveiller des gamins dans tous
les sens, sans se préoccuper qu’ils ne lâchent pas la corde, sans chercher où
sont les parents pour ravitailler en bouffe et en eau…
Ce canyon assez court est vraiment beau, quasi sous terrain,
avec de superbes formes sculptées par l’eau. Idéal pour finir les vacances…
Au final, pas de pluie, pas de grosses galères, quasi pas perdu…
Décidément, ce n’est plus ce que c’était les week-ends en Sierra…