A force d’avoir vanté les mérites et les beautés du Behia
aux spéléos de Saint-Herblain lors des nombreux camps d’été sur les Arbailles,
ils sont enfin motivés pour descendre dans ce trou magique… Ils m’attendent au
tournant car je leur ai décrit un trou avec des puits magnifiques, sans
difficultés, sans ramping, sans boue, avec des kilomètres de galeries où l’on
peut courir…
Comme ils arrivent de Sainte-Engrace, on se retrouve à
Mauléon. J’avais trouvé la galerie des gours et le réseau des sources super
beau. Nous prenons donc les bas de néoprène car l’objectif est de passer le lac
et, si possible, d’aller plus loin vers le terminus dans les galeries des dos
d’Anes.
Le départ à 8 heures de Mauléon est dur pour moi, car en
plus ils sont sacrément ponctuel, voire même tendance à arriver bien en avance…
Ils me trouvent donc encore en train de déjeuner, le kit pas encore fait… De
leur coté, ils sont prêts, les kits déjà bouclés, de la bouffe pour 4 jours
pour 4 personnes…
Et nous voilà parti pour l’entrée du Behia. Comme je suis
entouré de deux futurs moniteurs, je leur laisse le soin d’équiper l’entrée, le
temps pour moi de me réveiller. Et c’est parti pour la descente.
Comme ils sont équipés de superbes lampes, dignes de phares
de voiture (une Scurion pour Jean-Louis et un éclairage-phare maison pour
Christian), je redécouvre les puits !!! Le 72, quand on ne le descend pas
dans le noir comme j’avais fait jusqu’à maintenant, est un vrai bonheur !!
Il y a bien une citation à ce propos : « Quand à 50 ans, on n’a pas
pu se payer une Scurion, c’est qu’on a râté sa vie… » Ou je confonds
peut-être avec une montre ??
Quand on arrive à l’étroiture en bas des puits, ils
commencent à râler en prétendant que j’ai menti sur la marchandise !!!
« Tu nous avais promis 5m de marche d’approche, y’en a 10 !!! Tu nous
avais promis qu’il n’y avait pas de ramping, y’a 3m !! ». Je sens que
mon pourboire de guide va en prendre un coup…
Heureusement que la salle des Pas-Perdus et la galerie des
Navrés tiennent leurs promesses !!! Ils trouvent l’idée des bâtonnets
réfléchissants de Philippe très bonne… un conseil Philippe, dépose vite le
brevet avant qu’on ne te pique l’idée !!
C’est une des premières fois que je vois le Behia si sec.
Pas une seule goutte d’eau dans les puits, juste un peu dans le puits de la
vasque. Dans la salle des pas Perdus, pas de petite rivière… C’est vrai que
toutes les autres fois, tous les cours d’eau étaient en crue… Ca fait vraiment
bizarre…
Nous arrivons rapidement à l’embranchement du réseau des
sources. Nous abandonnons une partie du matériel. Ne sachant pas si l’autre
chemin du bivouac est équipé, nous repasserons par là.
A partir de là, plus de balises… Va falloir que je fasse ça
de mémoire, ce n’est pas gagné !! Le paysage change et la progression dans
les petites plages de sable fin est un régal. Quelques photos des excentriques…
En plafond, y’a vraiment des choses à voir je pense… Y’a forcément un shunt
depuis les puits !!
Bien sûr, je me paume et on se retrouve dans la galerie où
nous avions été lever un point d’interrogation… (voir compte rendu : http://strates.canalblog.com/archives/2012/12/12/25801820.html#comments
)
Comme c’est joli, on en profite pour regarder un peu. A mon
grand étonnement, le grand puits que nous n’avions pas descendu la fois
précédente car rempli d’eau est entièrement vide… Les cailloux ne nous renvoient qu’un bruit de
boue… Intéressant… Malheureusement, nous n’avons qu’une corde de 8mm et rien
qui ne nous permet d’équiper sans frottement… On fait donc demi-tour. Mais je
pense que ça vaudrait le coup d’être descendu… Va falloir que je m’attèle à
convaincre les autres que la suite est là !!
J’arrive enfin à retrouver mon chemin et on se retrouve au
pied du ressaut de 7m. Vu le niveau d’eau, je me dis que le shunt doit pouvoir
passer… C’est encore très boueux et je n’ai vraiment pas envie de me pourrir
aujourd’hui… On passera par la corde en place.
En haut, les autres sont étonnés du nombre de galeries qui
partent dans tous les sens… C’est un peu paumatoire… Bien sûr, je n’ai pas de
topo et ce n’est pas forcément évident… On arrive enfin à la galerie des gours.
Et là, grosse déception… la dernière fois, le spectacle
était magique, avec cette cascade qui se séparait en deux, et les gours remplis
qui débordaient de chaque coté… Cette fois ci, pas de cascade et les gours sont
quasi vide… Le petit passage sur le coté, en s’accrochant aux concrétions en
est beaucoup plus impressionnant !!! Avant, on passait à quelques
centimètres de l’eau… maintenant, on a 1m50 de vide sous les pieds, de quoi se
dire qu’il ne faut vraiment pas se louper.
Du coup, au lac, je me dis que cela va peut-être passer sans
néop… Non, l’eau arrive à fleur de botte et je préfère faire demi tour.
Une fois les néoprènes enfilées, nous traversons enfin.
L’eau n’arrive que sous les genoux, juste histoire de remplir les bottes. A
partir de là, c’est l’inconnu pour moi aussi. Dommage qu’il n’y ait pas plus
d’eau, les gours remplis dans la galerie qui continue doivent être magnifique.
Arrivé à un gros carrefour, nous hésitons… On monte ?
On descend ? Bon, on prend au pif et on prend la galerie qui monte. Plusieurs
passages dans des petits biefs. La combi néoprène s’avère utile. Malgré l’eau,
on sent que c’est très boueux sous les pieds, et parfois glissant. Je manque de
peu de m’étaler dans l’eau, mon mini kit au dessus de la tête pour sauver mon
pain et mon pâtée (quand est-ce qu’ils feront des mini kits étanches !!).
On passe aussi des lacs séchés, avec l’impression d’être dans le désert aride, avec
de la glaise séchée et craquelée…
L’embranchement suivant, on hésite… A gauche, il faut
retourner dans l’eau et ça semble plus profond. A droite, la galerie à l’air
sèche… Et c’est parti pour la droite… Mauvais choix !!! Moi qui ne voulais
pas me mettre minable, je suis servi… On arrive dans une galerie boueuse et
bien grasse et basse de plafond… Seules deux longues trainées parallèles
témoignent que l’autre équipe, fin avril, sont passés à 4 pattes dans cette
boue… Les autres hésitent et je les sens prêts à faire demi-tour.
Je m’y engage vite avant que la démotivation n’arrive. C’est
gras, c’est immonde, les bruits de sucions de la boue ne font pas envie…
Heureusement qu’on a mis les combis spéléos sur les néoprènes !!!
Bon, ça passe à 4 pattes et j’arrive à convaincre les deux
autres de venir… Là, c’est sûr, je n’aurai pas de pourboire ce soir !!!
Là, ça y est, on s’est mis minable… La faim commence à nous
tirailler mais, en même temps, vu comme on n’est dégueulasse, on va attendre la
prochaine vasque pour se nettoyer un peu…
Je continue dans une galerie et arrive à un point bas, sorte
de siphon à sec… En remontant un peu, on trouve un embranchement et une corde.
Après vérification, elle date de 2004. L’autre équipe vient donc de la mettre
en place…
A partir de là, tout devient glaiseux et moins engageant. Je
descends le premier et les autres attendent un peu avant de me suivre. Arrivé
en bas, je suis un peu surpris de tomber sur une galerie qui remonte.
Clairement, je remonte un affluent. Quelques pas d’escalade un peu foireuse,
tout étant un peu glaiseux et je me retrouve à un carrefour… Y’a une vieille
balise, quelques vieilles balises topo… Le plus surprenant est le changement de
configuration des galeries. Je me retrouve à nouveau dans des galeries à la
roche un peu noire, avec des concrétions blanches, sans glaise, comme celles
que nous avions rencontrés peu de temps avant le passage gras.
J’appelle donc les autres pour qu’ils me rejoignent.
Christian vient à ma hauteur sans souci mais Jean-Louis a plus de mal… Les
petits pas d’escalade glaiseux ne l’inspirent pas. On fait donc demi-tour.
On repasse par la boue, on s’en remet une couche… L’autre
galerie avec son étendue d’eau nous tend les bras ce coup ci. Dommage, la
couleur de l’eau était belle avant qu’on ne s’y mette dedans… On voit
clairement aux traces sur les parois que l’eau, d’habitude, est bien 50 à 60 cm
plus haute… Les bas de néoprène devaient être limites pour l’équipe qui est
venue en avril dernier.
Maintenant propre, on en profite un peu pour manger et faire
le plein d’eau… Ah, ça c’est con… On aurait du faire le plein avant de
pourrir les vasques… On prendra donc l’eau un peu plus loin…
Après mangé, on file dans cette galerie semi noyée. Au bout,
il s’agit clairement d’un siphon. Ce doit être le siphon des étoiles. Nous
continuons sur la galerie qui remonte. Il y a une corde en place. Après examen,
la corde ressemble beaucoup à une corde que j’avais vue en place dans le Leize
Handi l’année dernière, une corde de 40 ans d’âge… Comme nous n’avons rien pour
la remplacer, on ne va pas insister et nous continuons la galerie. Nous
jonctionnons avec un des lacs séchés que nous avions vu à l’aller. La suite
n’est pas par là. Par contre, il y a clairement une escalade à faire… Une
petite galerie semble partir sur la droite. L’escalade n’est pas bien
compliquée en artif, et ça ne semble pas avoir été fait… A voir !!! Ca
jonctionne peut être avec une autre galerie mais, sur la topo, il ne semble pas
y avoir trace de cette galerie.
Nous pensons avoir tout vu dans le coin et décidons de faire
demi-tour… J’ai d’autres points d’interrogation à lever… Sur le chemin du
retour, à l’embranchement où nous avions pris la galerie qui monte, nous nous
enquillons dans celle qui descend… C’est
une petite pente, glaiseuse… Une véritable savonnette… On s’y engage avec
Christian et on se retrouve bloqué… Pour descendre, c’est sûr que ça va
descendre, et sans dommage… Mais on n’est pas sûr de pouvoir remonter… On est
tous les deux sur la même prise et aucun des deux n’arrive à remonter… ça sent
la glissade pour les deux sur les fesses deux mètres plus bas… Centimètre par
centimètre, on arrive à s’extraire de ce piège et à remonter… On laisse tomber,
j’ai encore d’autres choses à voir.
On repasse les gours et, un peu avant d’arriver au ressaut
de 7m, on fouille un peu plus. La dernière fois, j’avais trouvé un puits, sans
trace et sans spits. Les autres sont d’accord avec moi, il mérite d’être
descendu. Mais bon, toujours pareil, on est en touriste, pas de trousse à
spits… Les anciens l’ont peut-être descendu en se servant des rognons de silex
comme AN, mais on n’est pas trop tenté…
La dernière fois, juste après la corde du R7, j’avais été
voir une petite galerie où il fallait ramper au milieu des concrétions. Je
m’étais arrêté sur rien, personne ne m’ayant suivi. Ce coup ci, nous sommes bien
décidé à aller voir jusqu’au bout. La galerie est très belle, mais il faut être
très vigilant !!! Beaucoup de concrétions et de petites fistules… Au
début, on rampe dans le sable pour au final, finir dans de la glaise bien
grasse… Moi qui m’étais à peu prés nettoyé, me voilà dans un état pire encore…
Le sable s’est glissé partout, sous la combi néoprène. C’est une horreur.
La galerie descend toujours en pente douce, elle tourne
plusieurs fois, toujours en ramping et cutte au final… Un bouchon de glaise. Je
savais que je n’étais pas en première vu les traces de pas. Au fond, une
inscription : VOC où un truc du
genre. Bon, au moins, le mystère est levé sur cette petite galerie.
On décide de faire demi-tour et d’aller vers le bivouac. Il
est encore tôt et on aura peut être le temps d’aller à la Hoya ou au siphon des
stagiaires. Au retour, dans la galerie située sous la galerie des puits, on
monte un peu pour essayer de trouver ce fameux shunt qui pourrait se trouver au
niveau du P44, là où toute l’eau se barre en temps de crue.
Je grimpe un peu et trouve une petite galerie qui part.
Malheureusement, elle cutte au bout de 4 ou 5 m. Mais il y a bien une autre
galerie qui arrive en plafond. La pente n’est pas hyper raide et ça pourrait se
remonter… Mais le rocher est un peu péteux, entre rognons de silex foireux et
morceaux de glaise séché… Je préfère renoncer, pas très sûr tout ça…
D'ailleurs, à la descente, une prise pète sous ma main et je me retrouve 1
mètre plus bas… On va arrêter les conneries pour aujourd’hui…
Arrivé à l’embranchement entre le réseau des sources et la
rivière suspendue, les autres ne sont plus très motivés pour bivouaquer… Ils
ont beaucoup de route à faire le lendemain... il n’est encore que 18h, on est
tous trempe et boueux et on se dit qu’un bivouac n’amènera pas forcément
grand-chose. On décide donc de remonter directement.
La remontée se passe sans trop de souci. J’en chie un peu
dans les puits, problèmes de réglages du baudar (à force de le régler dérégler
pour le canyon ou la spéléo, il est déréglé pour les deux !!). En haut du
P44, petit pépin technique pour moi… Je cogne le casque au plafond et mon
éclairage s’éteint sous le choc… Impossible à rallumer. Les autres sont devant, et je suis bloqué au
dernier fractio… Je n’ose pas trop aller fouiller dans mon mini-kit pour
trouver ma frontale de secours, de peur de la faire tomber… Christian vient
donc à ma rescousse avec sa frontale « phare de voiture », avec
laquelle on y voit comme en plein jour.
Une fois dehors, nous croisons Serge qui revient de la sortie
initiation à Oillhanbeltxa… malheureusement, ils n’ont plus de bière… Nos deux touristes Nantais sont sortis de là enchantés. Ca
leur change des trous des Arbailles où, « même quand ils ne sont pas
élargis artificiellement, les trous donnent l’impression d’avoir été
élargis artificiellement !! »
Gilen
Gilen